Innovation au Vignoble

PURPAN, école d’ingénieurs

Olivier GEFFROY
Enseignant-Chercheur en Viticulture, Œnologie et Analyse Sensorielle
  1. Pouvez-vous nous présenter Purpan ?
    Purpan est une école d’ingénieurs qui forme des étudiants en Sciences du vivant, Agriculture, Agroalimentaire, Marketing et Management dans plusieurs cursus du Bac+3 au Bac+6. Elle accueille chaque année au total plus de 1300 étudiants dans ses différentes formations sur son campus de Toulouse ainsi que sur celui de Lamothe, notre propre exploitation agricole en polyculture élevage située à une vingtaine de kilomètres au Sud-Ouest, une singularité majeure dans le paysage des écoles supérieures d’agronomie et d’agriculture. Notre établissement, fondé en 1919, compte aujourd’hui plus de 150 salariés dont 70 Enseignants-Chercheurs permanents qui disposent de laboratoires et plateformes de recherche. Nos formations qui mettent l’accent sur l’international, la formation humaine et l’accompagnement, débouchent sur un très large éventail de plus de 300 métiers. A noter que chaque année, entre 10 et 15% de nos étudiants décident de s’orienter professionnellement vers la filière vitivinicole
  2. Quelles sont vos actualités ?
    Nombreuses, on ne s’ennuie pas à Purpan ! Par exemple, à la demande de notre ministère de tutelle, nous avons entrepris il y a 4 ans un virage majeur avec l’augmentation de la taille de nos promotions, une orientation qui nous impose notamment de repenser l’ensemble de nos parcours pédagogiques en permettant à une partie de nos étudiants de se spécialiser de manière plus précoce. Ainsi, une réflexion est en cours sur le développement d’un parcours spécialisé « viti/oeno » lors des deux dernières années de notre cursus d’ingénieur en complément de notre spécialisation existante dédiée au Management des Entreprises Vitivinicoles. L’apprentissage tout comme la pédagogie innovante occupent également une part de plus en plus importante au sein de nos formations. A ce titre, nous venons de développer un jeu de cartes pédagogique intégrant des contenus de réalité augmentée qui permet à nos étudiants de concevoir leur itinéraire de production en fonction d’un style de vin et d’un climat donnés. Par ailleurs, les anciens évoluant dans la filière vitivinicole sont actuellement en train de se structurer au sein d’une sous-branche des alumni dénommée Wine Purpan. En matière de recherche, l’école monte également en puissance essentiellement sur 5 thématiques : les composés volatils et les macromolécules du vin, les maladies du bois, la télédétection en viticulture et la place des femmes dans la filière.
  3. Que pensez-vous de l’initiative Les Vignes d’OR ? Quelles sont vos attentes en tant que membre du jury ?
    Je trouve qu’il s’agit d’une excellente initiative qui mérite sincèrement d’être saluée. Avant de rejoindre Purpan, j’ai eu l’occasion de travailler pendant plus de 10 ans à l’Institut Français de la Vigne et du Vin (IFV), période au cours de laquelle j’ai été en contact très étroit avec les vignerons. Ces derniers n’ont cessé de m’impressionner par leur bon sens, leurs capacités d’observation et d’adaptation qui leur permettent bien souvent de trouver une solution astucieuse afin de surmonter une impasse technologique. L’exemple d’un vigneron de Fronton qui avait réussi à bricoler une faucheuse andaineuse « maison » à partir de matériel de récupération me vient en ce moment même à l’esprit. J’attends de l’initiative Les Vignes d’Or qu’elle mette en lumière des démarches particulièrement innovantes qui pourraient essaimer pour l’intérêt collectif.
  4. Pourquoi vous êtes-vous mobilisé sur la catégorie Innovation au Vignoble ?
    Ce choix a émergé de manière assez naturelle puisqu’il s’agit de mon principal domaine d’expertise et que c’est au vignoble que tout se joue le plus souvent. Hormis peut-être l’étiquetage obligatoire des ingrédients qui risque de rebattre pas mal de cartes dès l’année prochaine, les principaux enjeux de la filière pour le futur concernent la transition agroécologique à travers la recherche d’alternatives aux herbicides, de produits de biocontrôle ou le déploiement des variétés résistantes mais également l’adaptation au changement climatique qui passera principalement par l’adaptation de l’encépagement, ou la création de nouveaux porte-greffes et de variétés plus tolérantes à la sécheresse. Je regrette simplement que la question de l’atténuation du changement climatique et notamment la séquestration du carbone soit le plus souvent oubliée des débats. Peut-être que certains vignerons auront l’occasion de proposer des initiatives dans ce sens ?
  5. Avez-vous mis en place quelques actions pour le développement durable ?
    L’école s’est engagée depuis quelques années dans une démarche RSE (Responsabilité Sociétale des Entreprises) dont les implications se font ressentir à de nombreux niveaux. A titre d’exemple, nous privilégions les transports doux et avons remplacé notre ancienne flotte par des véhicules hybrides et quelques vélos électriques pour les déplacements en local. Nos deux campus regorgent d’illustrations, en particulier celui de Lamothe qui est inscrit depuis plusieurs années dans une transition agroécologique et qui fait figure de vitrine de l’agriculture de demain. Le développement durable fait partie intégrante de nos enseignements et de nos axes de recherche. Dans le cadre d’un projet financé par la région Occitanie associant 6 laboratoires de recherche, nous allons lancer prochainement une thèse portant sur l’acceptabilité par les consommateurs des vins issus des variétés de vigne résistantes. Ce travail permettra d’identifier le profil des consommateurs potentiels de ces vins, de caractériser les processus d’achat, les motivations de consommation et d’évaluer l’influence des informations fournies aux consommateurs sur leur consentement à payer.